Hommage au Baron Georges Schnek
GEORGES SCHNEK
(1924 – 2012)
Voici le texte écrit par le Baron Georges Schnek, qui fut Président d’Honneur de l’ORT en Belgique entre 2006 jusqu’à la fin de sa vie en 2012.
Ce texte a été publié dans la brochure du Festival de 4 films israéliens, présentés à l’Orangerie du Botanique à Bruxelles, le 23 avril 2006.
Ce fut le premier événement organisé par la nouvelle Présidente en place : Charlotte Gutman.
2006. Charlotte Gutman, Georges Schnek et Béatrice Godlewicz
Mon histoire, liée à mes relations avec l’ORT-Belgique, remonte aux années 1951-1952-1953. Après quatre années vécues à Paris durant lesquelles j’ai pu mener à bien des recherches dans le domaine de la chimie biologique (appelée aujourd’hui biologie moléculaire), les travaux de laboratoire poursuivis m’ont permis de défendre une thèse de doctorat à la Sorbonne en Faculté des Sciences, en mars 1951. J’ai ensuite été engagé par un laboratoire de produits pharmaceutiques français pour leur siège bruxellois comme chef de laboratoire de production. C’était en septembre 1951. Après avoir repris contact avec la vie communautaire juive, je me suis proposé de donner des cours de chimie et de physique dans deux des écoles de l’ORT à Bruxelles et des cours d’histoire dans celle de jeunes filles. Il s’agissait de deux enseignements de formation technique : électrotechnique pour les jeunes gens, couture et mode pour les jeunes filles. J’ai donné ces cours à Bruxelles pendant deux ans jusqu’à la fermeture de ces deux écoles. De plus, j’ai donné également des cours d’histoire juive dans une école de garçons de l’ORT à Anvers pendant un an.
Il faut rappeler qu’après la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, la base de l’action entreprise par l’ORT était de remédier au malheur des survivants des camps et a occupé une place déterminante sur le plan humanitaire et social. L’objectif de l’ORT, à cette époque, était de donner la possibilité à ces rescapés, par l’apport d’un métier, de refaire leur vie dans un des pays d’accueil et de revaloriser le travail chez des jeunes déçus par la vie et marqués par les épreuves subies, en leur assurant une bonne formation professionnelle. Dans ce but, des écoles furent créées par l’ORT, en 1946. Elles ont permis à une génération de jeunes gens juifs, survivants de la Shoa, et la plupart enfants de déportés disparus, de se réadapter à une vie professionnelle décente. Une partie de ces jeunes ont pu poursuivre des études plus performantes avant une intégration réussie ou une immigration vers les USA ou Israël.
Rappelons que l’ORT Belgique était dirigé essentiellement par des représentants des grandes institutions sociales et culturelles juives. On y retrouvait à la tête des personnalités comme Paul Philippson, Jules Wolf, Roger Van Praag, Jospa, Nathanaël Lewkowicz, tous proches de l’A.I.V.G.(l’Aide pour les Israélites Victimes de la Guerre), ancêtre du Service Social Juif et de l’ancien Comité de Défense des Juifs issu de la Résistance.
Mes quelques heures hebdomadaires d’enseignement à l’ORT m’ont été très précieuses, me permettant de découvrir dans cette génération de jeunes survivants la volonté et le souci de rejoindre dès que possible une vie active dans la nouvelle société au lendemain de l’horrible tragédie de la période 40-45.
J’ai eu la joie de retrouver une partie de ces jeunes occupant ultérieurement des positions professionnelles, sinon académiques, dans diverses entreprises ou écoles. Comme dans beaucoup d’autres pays d’Europe, en Afrique du Nord et en Israël, l’ORT Belgique a œuvré avec efficacité et pragmatisme, permettant à de nombreux jeunes de se restructurer et de favoriser une véritable renaissance de la communauté juive, à la pointe de la défense des valeurs essentielles de notre civilisation et culture.
Baron Georges Schnek
Professeur émérite de l’Université Libre de Bruxelles
Président du Musée Juif de Belgique – Président Honoraire du Consistoire
Président d’Honneur de l’ORT Belgium ASBL